Vie de Sr Janine Hestrès
fondatrice des groupes Mess’AJE au Liban
Janine est née en 1924, au pied de la cathédrale de Laon.
Fontainebleau, puis Reims verront grandir les 3 petites filles de la famille.
Au cours d’une retraite, à 17 ans, elle écrit « Dieu seul pour toujours… dès aujourd’hui ». Mais elle doit attendre d’être majeure pour entrer au Noviciat de Nazareth, après la guerre, avec une maîtrise en Philosophie et préparant l’Agrégation.
Je laisse maintenant la parole à Janine :
« Pendant 1 an, à Reims, j’enseigne la philo et surveille les pensionnaires. Grâce à Dieu, grande joie, les élèves ont réussi leur Bac !
Puis viennent 9 années passionnantes à Paris à l’Institut Notre Dame des Champs ; tout commence ou recommence : liturgie, Bible, catéchèse, œcuménisme… sans lâcher la philosophie. Et nous sommes à côté du Centre des Intellectuels Chrétiens !
1958 Je repars pour Reims et la pédagogie devient mon principal souci de directrice et professeur de philo. Les évènements s’enchaînent : mort du pape Pie XII, avènement du pape Jean XXIII, annonce du Concile, et si vite la mort de Jean XXIII. Dans notre lycée qui prend le nom de ce grand pape une réforme pédagogique est entreprise.
1968 : J’arrive à Beyrouth. Je vais enfin pouvoir faire la connaissance de mes sœurs libanaises ! et répondre à mon désir exprimé au Noviciat. C’est la découverte émerveillée d’une autre manière de vivre et de parler. De nouveau j’enseigne la philosophie. On me confie ensuite la bibliothèque et la catéchèse. J’apprends l’arabe libanais.
Puis, après 6 ans, la congrégation m’appelle à Rome. La guerre commence au Liban.
Je pars ensuite à Boulogne-sur-Mer, pour y être chargée de la catéchèse et de la bibliothèque. Et,… véritable coup de foudre, je découvre Mess’AJE : une catéchèse biblique pour adultes, tout à fait ce que je cherchais et même mieux : l’étude de la Bible et en plus l’art, la beauté, la musique… qui donnent une autre dimension aux textes et permettent d’entrer dans le mystère de la foi.
Invitée par le directeur et envoyée par notre supérieure générale, j’anime des cours à la faculté de théologie de Lille, tout en créant et animant des groupes à Boulogne avec des catéchistes, des parents d’élèves… 18 ans s’écoulent ainsi.
C’est très heureuse que je reviens au Liban, en 1993, après la guerre, pour aider les catéchistes, la bibliothèque religieuse et la formation biblique Mess’AJE proposée aux professeurs et amis enthousiasmés.
Les années passent. En 2009 je reviens à Paris où je créé et anime avec d’autres de nouveaux groupes bibliques. »
En 2013 Janine arrive à Montléan. Voici la mission que lui confie alors la supérieure générale : « Auprès des souvenirs de nos fondateurs que tu nous as fait si bien aimer par tes écrits, tu pourras aider tes sœurs, les résidents et le personnel à trouver la paix et la sérénité ».
Mais il faut encore bouger. En septembre 2017, notre maison de retraite déménage à l’Ehpad de la 3ème Avenue. Janine accepte alors, avec Marie-Rose et Marie-Thérèse de s’installer dans l’établissement public où elle vivra comme Jésus pendant 30 ans à Nazareth, une vie toute simple, que rien ne distingue des autres, mais qui est pourtant habitée par le Christ.
La prière et la communion quotidiennes sont le centre de sa vie. Sa mémoire lui fait de plus en plus défaut sauf lorsqu’il s’agit de se souvenir de personnes faibles ou qui souffrent.
Je voudrais encore laisser la parole à d’autres qui ne peuvent pas être là :
Une sœur de Nazareth : « Elle était passionnée de la Parole de Dieu. C’était une femme humble, en même temps forte, silencieuse, qui m’a beaucoup marquée. Elle avait un très grand cœur »
Une ancienne élève : « Je veux vous dire combien je suis touchée. Je suis âgée de 88 ans et demi et j’étais son élève à Paris en classe de philosophie. Je garde un grand souvenir de ses cours, de son accompagnement »
Une animatrice de groupe biblique : « On lui est redevable, tous ceux et celles qui ont participé à son enseignement, d’une Rencontre avec l’Autre et les autres. Son écoute silencieuse, ses mots rares mais toujours pertinents, son art de redresser, réajuster réactions et commentaires, son austérité, son immense savoir, science et sagesse sont des cadeaux et laissent en nous des traces indélébiles ».
Le Père Jacques Bernard, ancien directeur à l’Institut catholique de Lille : « Elle surmontait les obstacles et les accidents de santé avec la foi et le courage des martyrs. Elle était missionnaire dans l’âme ».