Un week-end de formation continuée à Pornic…
Roselyne témoigne ici de ce qui a été vécu lors du week-end de formation continuée à Pornic les 2 et 3 juillet 2016.
Un week-end
pour revisiter le Premier Seuil, Pornic, juin 2016.
C’est ainsi que je me suis retrouvée à Pornic les 2 et 3 juillet 2016. Avoir donné bien des fois ce premier seuil justifie-t-il de s’y replonger à plusieurs, c’est-à- dire une dizaine ? Que oui ! D’abord ajuster ce que l’on dit à ce que l’on sait aujourd’hui grâce aux dernières découvertes archéologiques est nécessaire pour rester crédible soi-même, pour conserver au montage sa valeur et plus encore pour rendre audible la Parole de Dieu aux esprits critiques d’aujourd’hui. On ne peut pas faire de l’histoire sainte comme il y a quelque 50 ans !
Dans une atmosphère de prière, nous avons évoqué cinq grosses questions :
- Comment parler de la Parole de Dieu ? Peut-on dire qu’il y a une foi avant l’Ecriture ? Comment présenter les repères historiques qui témoignent d’un changement profond d’un peuple qui se détache des idoles de son temps ? On sait que l’Ecriture n’est pas première mais que l’expérience vient avant l’inscription sur un support qui n’est forcément pas du papier ! De là, la nécessité pédagogique de présenter avec la participation du groupe une fresque historique qui permet à chacun de se repérer dans une chronologie. Et s’apercevoir que cette histoire n’est pas si loin de la nôtre, la mienne…
- Quand arrêter le premier seuil et commencer le deuxième? Il y a bien sûr un choix pédagogique qui a été fait mais ce qui m’a paru intéressant c’est d’ouvrir la délimitation du premier seuil aux débuts du monde, de l’apparition de la vie puis de l’humanité avec les morts que l’on enterre. Il nous faudra savoir faire sentir au groupe que nous accompagnons, que chaque seuil a son propre fonctionnement avec sa vision du monde, ses rites et ses institutions. Mais baigner, grâce au montage dans l’ambiance d’une époque fait vivre en nous la quête de Dieu à chaque étape, étape dans laquelle nous pouvons aussi nous trouver.
- Le premier seuil est-il une sortie de mythe ? D’abord une mise en garde sur ce mot « mythe » qui est piégé et qu’il vaut probablement mieux remplacer par d’autres comme par exemple récit fondateur. J’ai apprécié de comparer l’histoire commune à tous les peuples, les religions qui en découlent à l’histoire du peuple hébreux. Celui-ci a su voir que son salut venait d’ailleurs que ce que les peuples tout autour croyaient et en fait mémoire. Dieu au premier seuil, c’est la vie, la présence itinérante, accompagnante, inattendue. Peut-être bien que ce Dieu- là s’adresse à moi aussi, qui suis petite dans ce monde, faible dans un monde globalisé ?
- Alors quelle est l’originalité du premier seuil ? Celle-ci s’exprime dans deux séquences, celle sur la sortie d’Egypte et celle sur le royaume. La sortie d’Egypte est l’événement fondateur par excellence même si l’on constate qu’il n’existe pas de traces de celui-ci. Plus qu’un fait, c’est un récit dont l’origine nous échappe et pour lequel plusieurs évènements se sont confondus. Royaume ou royauté ? La séquence s’appelle royaume mais le guide d’animateur parle de royauté. Nous plongeons là dans la difficulté de la Bible avec l’histoire historique, que l’archéologie ne cesse de reprendre au gré des découvertes, et l’histoire réécrite, recomposée telles que le peuple hébreux l’a vécue, mémorisée et transmise avec la vision de ceux qui l’ont inscrite sur des rouleaux ou des tablettes tant c’était important de ne pas oublier. La Bible se permet de dénoncer ce que personne ne faisait comme dévoiler le péché du roi (David et Bethsabé) ou mettre au jour la manipulation de Jésabel sur le roi Achab afin d’acquérir la vigne de Nabot. Pour moi, c’est une Parole forte que l’on doit aux prophètes qui tracent un chemin dans les dédales de nos compromissions et nous mènent tout simplement à Dieu.
- Cela amène à réfléchir sur la violence et la foi. C’est une question inévitable et centrale à la démarche des seuils de la foi. Elle est au cœur de l’œuvre du salut. La violence est présente depuis toujours. Elle est notre problème. C’est celui de l’humanité. Les lois sont là pour la canaliser. L’œuvre de René Girard, synthétisée dans son ouvrage « J’ai vu Satan tomber comme l’éclair », est très éclairante sur les mécanismes qui conduisent aux plus grandes violences individuelle
s et collectives. Bien sûr la Bible est plongée dans la violence de ce monde mais elle dénonce le bourreau, le vrai et montre la victime, la vraie. La Bible révèle et dévoile le mensonge fondateur de la violence. La plénitude de la révélation, c’est Jésus, la victime innocente sur la croix.
Avec tous ces éclairages, nous revoyons le montage du premier seuil, belle occasion d’échanges.
Nous avons aussi quelques autres grands moments de « liberté » à l’occasion des repas ; en particulier sous le soleil couchant du samedi soir, un très bon dîner a été préparé par Catherine et Martine ; la soirée qui s’ensuit permet à chacun d’exprimer ce qui lui tient à cœur et le fait vivre ; la messe du dimanche matin à la paroisse de Nathalie est belle et chantante avec la communauté des chrétiens de Pornic.
L’accueil dans la famille de Nathalie pour plusieurs d’entre nous dont moi, a été un moment heureux de partage simple, familial et de repos dans cette belle campagne verdoyante.
Merci à tous ceux qui ont œuvré à la réalisation de ce week-end et à la participation de chacun qui a permis de non seulement parler de l’œuvre de Dieu mais d’en vivre.
Roselyne Goisnard, participante , animatrice Mess’Aje Nord-Loire , France